Médecins du Monde victime d’un vol de Carte Bleue, la situation sous contrôle

Colombie

54 ans

de conflit armé jusqu’à l’accord de paix signé en 2016

6,3 millions

de personnes en situation de besoin humanitaire affectées par la violence en 2020

1,8 millions

de réfugiés et migrants provenant du Vénézuéla en 2020

Face aux urgences, Médecins du monde mène divers programmes d'aide humanitaire. Découvrez nos actions et missions en Colombie ci-dessous.

En Colombie, depuis plusieurs années, les droits des populations sont menacés voire bafoués par des conflits internes notamment entre l’armée et les FARC. L’épidémie de COVID-19 et la migration des populations Vénézuéliennes voisines n’ont fait qu’amplifier ces difficultés en particulier dans les zones géographiques reculées où l’accès humanitaire reste encore un défi.

Notre mission humanitaire en Colombie repose donc sur plusieurs axes, de la défense des droits sur les plans social et humain à l’établissement d’un plan d’aide médical pour pallier le manque de soins.

POUR LA PROTECTION DES DROITS DE L’HOMME EN COLOMBIE

Des conflits aux trop nombreuses victimes

En Colombie, les conflits armés qui font rage ne trouvent pas d’issue. Selon le CICR, cinq conflits internes persistent en Colombie : entre le ELN (Ejército de Liberación Nacional), ELP (Ejército Popular de Liberación), AGC (Autodefensas Gaitanistas de Colombia) et les dissidents des FARC qui n’ont pas accepté les accords de paix et l’armée colombienne.

En 2020, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme a signalé la survenue de 66 massacres avec 255 personnes tuées. Un triste décompte qui s’ajoute aux meurtres de 120 dirigeants et défenseurs des droits de l’homme.

Par ailleurs, le contrôle social sur le corps des femmes par des groupes armés dans divers territoires, les violences sexuelles et autres violences basées sur le genre ont des impacts profonds. Une très forte augmentation des violences sexuelles contre les femmes défenseures des droits humains a été constatée.

  • 282 800 femmes

    survivantes de violences sexuelles en 2019

282 800 femmes

survivantes de violences sexuelles en 2019

La détresse des migrants du Venezuela

La situation politique et humanitaire du Venezuela a d’énormes répercussions en Colombie, premier pays d’accueil de la population migrante vénézuélienne. 42% des 4,2 millions de Vénézuéliens présents dans la région (dont les binationaux et les migrations pendulaires entre les deux pays) sont en situation de déplacement, soit 1,9 millions de personnes.

Seulement 20 % d’entre elles ont accès aux services de santé et de protection sociale. Les réseaux d’exploitation sexuelle, le trafic de drogue et le recrutement forcé affectent particulièrement ces migrants.

La précarité des populations reculées

Dans les zones rurales isolées des départements du Meta, du Guaviare, du Nariño, de la Cauca, de Valle del Cauca et de Chocó, le premier centre de santé est parfois à plusieurs heures de marche ou de pirogue. L’accès aux services de santé les plus basiques devient, dans ces conditions, extrêmement périlleux.

De plus, l’isolement dont souffrent les habitants de ces régions contribue à l’apparition de la malnutrition et de maladies liées à la mauvaise qualité de l’eau.

© Quentin Top

L’impact du COVID-19

La Colombie a été fortement touchée par la pandémie de COVID-19, avec plus de 2,5 millions de cas confirmés et plus de 60 000 décès. La réponse à la pandémie a mis à rude épreuve les services de santé, qui se sont effondrés à plusieurs reprises. Les organisations et les autorités locales ont été rapidement dépassées par l’ampleur de la crise. En 2020 la situation dans plusieurs régions du pays était préoccupante, d’autant plus que le contexte sécuritaire, la géographie du territoire et la localisation des communautés dans des zones reculées compliquent les actions humanitaires.

En plus de ses conséquences sanitaires, la Colombie déplore également l’impact socio-économique du COVID-19. Selon l’aperçu des besoins humanitaires 2021 d’OCHA, 6,7 millions de personnes seraient dans le besoin, dont 5,7 millions nécessitant une aide humanitaire. Un soutien social et économique pour aider ces populations à retrouver leurs moyens de subsistance paraît donc indispensable.

NOTRE AIDE HUMANITAIRE EN COLOMBIE

L’aide humanitaire en Colombie doit se profiler dans le cadre d’une prise en charge des violences subies par la population, avec le plan de santé et l’accès aux ressources vitales.

TROUVER DES SOLUTIONS AUX CONFLITS

  • Le consortium humanitaire MIRE

    Depuis les accords de paix, Médecins du Monde a réorienté ses activités en zone rurale afin d’apporter une réponse d’urgence en cas de pic de violences, notamment lors d’attaques de groupes paramilitaires, de déplacements massifs et de confinement de populations. En partenariat avec deux autres ONG internationales, nous déployons une équipe de médecins, de psychologues, de travailleurs sociaux et de spécialistes de la nutrition, de l’hygiène, de l’assainissement et de la protection de l’enfance.

     

    Médecins du Monde a formé le Consortium humanitaire MIRE (Mécanisme intersectoriel de réponse aux urgences) pour une prise en charge globale et multisectorielle en matière de santé, d’éducation d’urgence, de WASH (Water, Sanitation and Hygiene), de protection, d’abri et de nourriture.

     

    Notre action humanitaire en Colombie s’est principalement concentrée sur les soins de santé primaires d’urgence, notamment la médecine générale, la santé sexuelle et reproductive et la santé mentale, auprès des populations les plus touchées et victimes du conflit. Dans cet ordre, la mission humanitaire en Colombie, avec le Consortium, priorise les urgences les plus importantes. L’idée ? Se coordonner avec les autorités locales, et impliquer les institutions existantes afin de générer des processus de pérennisation de l’action.

     

    Le Consortium humanitaire MIRE a assisté à 73 urgences humanitaires dues à des conflits armés, au COVID-19 et à des catastrophes entre mars 2020 et mars 2021.

  • Mettre un terme aux violences

    Médecins du Monde met également l’accent sur la protection des victimes de violences sexuelles pour constituer des groupes d’auto-support, et pour garantir une prise en charge globale et respectueuse des droits dans les établissements sanitaires du Meta, du Guaviare, du Nariño, de la Cauca, de Valle del Cauca et de Chocó.

    Les projets comprennent des ateliers destinés aux communautés, aux institutions de soins de santé et aux dirigeants communautaires sur des questions comme la violence domestique, la violence fondée sur le genre, la violence sexuelle, et les voies d’identification, d’accompagnement et de signalement.

  • Soigner les migrants Vénézuéliens

    Médecins du Monde soutient de nombreuses personnes à différents points de la route migratoire dans tout le pays. Les projets de prise en charge de la population migrante en 2020 se sont concentrés à Bogotá, Soacha, Cali et Ipiales, dans la zone frontalière de la Colombie avec l’Équateur.

     

    Le but ? Accompagner les populations les plus à risque (mineurs, victimes d’exploitation sexuelle et professionnelle…), et assurer une prise en charge sanitaire et psychosociale pour les migrants en transit. En 2020, 45 % des soins de santé primaires ont été dispensés aux migrants et plus de 60 % des consultations de santé sexuelle et reproductive ont bénéficié aux femmes migrantes, démontrant l’engagement de Médecins du Monde auprès de cette population.

  • Amortir la crise du COVID-19

    Médecins du Monde s’est mobilisée contre le COVID-19, en l’intégrant dans les protocoles de biosécurité, et en intégrant les actions de confinement et de prévention dans ses programmes. Un itinéraire a été élaboré pour la référence des cas suspects aux centres de santé. Dans tous les projets, les équipes réalisent des ateliers avec la population et les leaders communautaires sur la prévention et l’identification des cas positifs de COVID-19.

    Nous avons également mis en œuvre deux projets d’aide médicale d’urgence en Colombie, dans la région amazonienne (départements de l’Amazonie, de la Guainía et du Vichada) afin de renforcer les services médicaux, et de contribuer au contrôle de l’épidémie dans les communautés indigènes par des actions de prévention et de promotion de la santé. Il convient de noter que cette région a été particulièrement touchée par la maladie, avec un nombre élevé de cas et de décès.

Une terre où la terreur persiste

Le 24 novembre 2016, au terme de 52 ans de conflit armé, responsables de 220 000 morts, 40 000 disparus et 6 millions de déplacés, un accord de paix a été signé entre le gouvernement colombien et les FARC.
La situation montre aujourd’hui une nette amélioration, mais la violence liée à « la plus grande catastrophe humanitaire de l’hémisphère occidental » persiste en Colombie. Au moins cinq autres groupes armés (ELN, EPL, Dissidences des FARC, Clan del Golfo, Autodefensas Gaitanistas de Colombia) continuent de provoquer la terreur et la mort parmi la population civile.

De nombreux efforts restent à mener pour répondre à l’urgence humanitaire en Colombie, en rétablissant l’accès aux soins dans les zones rurales touchées par le conflit, et en réintégrant les guérilleros à la vie civile.

AGIR AUJOURD’HUI POUR AIDER DEMAIN

30 ans au service du plaidoyer

Après plus de 30 années d’interventions réalisées dans les territoires du bassin de l’Atrato Medio (Bojayá, Chocó), dans la zone de gestion spéciale de La Macarena (Meta) et dans les réserves du peuple Awá (Ricaurte et Tumaco, Nariño) Médecins du Monde a pris l’initiative de compiler ses expériences et les leçons apprises dans un rapport présenté à la Commission de la Vérité.

Pour réaliser ce document, qui indique, entre autres, que le droit à la santé est lié à la garantie et à l’exercice d’autres droits de l’homme, tels que le logement, l’alimentation et le travail, les équipes sur le terrain ont été accompagnées de « Salud Paz », un réseau d’organisations de la société civile et d’universités actives dans la défense du droit à la santé et du Health Peace Network.

Autre action de plaidoyer au centre de notre mission humanitaire en Colombie : l’engagement dans la « Table pour la vie et la santé des femmes », un collectif qui œuvre pour la défense des Droits Sexuels et Reproductifs, notamment pour garantir l’accès à l’IVG.

Au cours de l’année 2020, Médecins du Monde a accompagné le Mouvement Causa Justa, composé de 80 organisations féministes de la société civile, pour présenter un procès devant la Cour constitutionnelle colombienne afin de retirer le crime d’avortement du code pénal et d’obtenir sa dépénalisation totale en Colombie.

En 2020, nous avons :

  • aidé 18 986 bénéficiaires
  • dispensé 16 277 consultations en soins de santé primaire
  • dispensé 8 443 consultations en santé sexuelle et reproductive
  • effectué 5 418 consultations en santé mentale et soutien psychosocial
  • conseillé et/ou fourni un accompagnement juridique à 260 personnes
Historique
  • 1987

    Médecins du Monde commence à travailler avec les indiens Apaporis.

  • 1994

    Début d’un programme avec les enfants des rues. Fermeture en 2000.

  • 1997

    Intervention dans le département du Chocó affecté par le conflit armé. Fermeture en 2011.

  • 2003
    Fin du programme auprès des indiens, intervention dans le département du Meta affecté par le conflit armé.
  • 2010

    Début de l’intervention dans le Nariño.

  • 2016

    Accord de paix signé avec les FARC et début de réflexion sur l’adaptation des actions.

Crédit photos : Quentin Top