Syrie : MdM appelle le Conseil de sécurité des Nations Unies à renouveler la résolution transfrontalière
Le mécanisme d’aide transfrontalière permettant l’acheminement de l’aide humanitaire en Syrie depuis le poste-frontière de Bab al-Hawa expire le 10 janvier 2023. La prolongation de la résolution permettant ce mécanisme est indispensable de la part du Conseil de sécurité.
Après 12 ans de conflit, la situation en Syrie demeure l’une des pires crises humanitaires mondiales. Selon les Nations unies, 15,3 millions de personnes auront besoin d’assistance humanitaire en 2023, soit plus de 69 % de la population du pays. Il s’agit d’un niveau record depuis le début du conflit. Il est primordial que le Conseil de sécurité renouvelle la résolution transfrontalière, mais cela ne suffira pas. Des solutions pérennes à ce contexte de crise multidimensionnelle doivent être mises en place urgemment.
Actuellement, plus de 12 millions de personnes en Syrie ont besoin d’une aide urgente. L’eau potable est rare et son manque d’accès est la principale cause d’épidémies comme le choléra, dont on a recensé 61 671 cas suspects en décembre 2022. Avec un niveau record de 12,1 millions de personnes en situation d’insécurité alimentaire, les cas de malnutrition sévère ont considérablement augmenté et affectent particulièrement les enfants.
La situation sécuritaire demeure critique. En 2022, l’OMS a fait état de 30 attaques contre les soins de santé. 25 personnes, dont trois professionnels de santé et cinq patients ont trouvé la mort dans ces attaques et 66 autres ont été blessées.
Après presque 12 ans de guerre, la crise humanitaire est loin d’être terminée. Selon les Nations unies, 15,3 millions de personnes auront besoin d’assistance humanitaire en 2023, soit plus de 69 % de la population du pays. Il s’agit d’un niveau record depuis le début du conflit.
Pourtant, la Syrie est progressivement délaissée par la communauté internationale : l’épidémie de COVID-19 a amorcé un ralentissement économique mondial et la guerre en Ukraine risque de drainer les fonds de l’aide humanitaire au détriment de la Syrie.
Parmi les millions de femmes, d’enfants et d’hommes ayant besoin d’une aide et d’une protection humanitaires, plus de 2,3 millions dépendent du soutien mensuel qu’ils reçoivent par le biais de l’aide transfrontalière, acheminée par les Nations unies en vertu de la résolution 2642 du conseil de sécurité. Cette aide transfrontalière représente environ 600 camions de nourriture, de médicaments, et d’articles d’assainissement et d’hygiène tous les mois.
Alors que les besoins sont critiques notamment dans le nord de la Syrie qui continue de faire face à la guerre, à une épidémie de choléra et à la période hivernale, le non-renouvellement de la résolution serait une véritable tragédie. Il est essentiel de maintenir ce lien vital pour des millions de personnes.
Cependant, des solutions pérennes doivent être mises en place pour compléter ce mécanisme essentiel, mais qui reste insuffisant. Des solutions complémentaires telles qu’un acheminement à travers les lignes de front nationales depuis les zones sous le contrôle du gouvernement syrien vers les zones hors du contrôle du régime et des efforts de relèvement rapide doivent être mises en place.
MdM appelle le Conseil de sécurité de l’ONU à renouveler la résolution transfrontalière pour une période de 12 mois minimum.
- MdM appelle les Nations unies et tous les acteurs dans la région à soutenir une action humanitaire pérenne en permettant l’acheminement de l’aide à la fois par le mécanisme transfrontalier par la frontière turque, mais aussi à travers les lignes de front depuis les zones contrôlées par le gouvernement syrien vers l’intérieur de la Syrie et par des financements à la hauteur des besoins humanitaires.
- MdM appelle les Nations unies et la communauté internationale à redoubler d’efforts dans la mise en place de projets à long terme axés sur le développement, la résilience et la durabilité.
L’action de MdM en Syrie
Médecins du Monde a débuté ses activités en 2008 en fournissant des services de soins de santé primaires. Au cours des 11 dernières années du conflit syrien, MdM s’est investi dans de nombreuses activités humanitaires de santé. MdM met en oeuvre ses activités directement ou par le biais de partenariats avec des acteurs locaux en Syrie et dans les pays voisins, auprès des réfugiés syriens.
Nos actions en Syrie
La situation humanitaire en Syrie
Nord-ouest de la Syrie
- 4,1 millions de personnes dépendent de l’aide humanitaire.
- 3,1 millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays
- Plus de 70 % de la population est en situation d’insécurité alimentaire
- Au 10 décembre, 25 607 cas suspects de choléra ont été signalés (9 736 dans le gouvernorat d’Alep et 15 871 dans le gouvernorat d’Idlib), dont 5 084 (19,85%) rapportés dans les camps de déplacés internes.
- L’accès aux services de base demeure fortement limité, notamment en ce qui concerne la qualité des services et l’état de fonctionnement des structures de santé.
- Les femmes, les filles et les garçons sont particulièrement concernés par les urgences de santé mentale et présentent des symptômes préoccupants.
Nord-est de la Syrie :
- 2,8 millions de personnes dépendent de l’aide humanitaire.
- La santé fait partie des trois besoins prioritaires pour les résidents et les déplacés internes.
- Le coût des services de santé est un problème pour 86 % des résidents et des déplacés internes dans les communautés interrogées.
- Trois communautés sur les quatre interrogées ont signalé des foyers avec un accès limité aux services de santé.
- Les besoins prioritaires les plus fréquemment cités en matière de santé sont les médicaments et autres produits (64 %), le traitement des maladies chroniques (59 %) et les consultations pédiatriques (49 %).