À Paris, Médecins du Monde dénonce une crise humanitaire orchestrée par les pouvoirs publics
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Saint-Denis, le 23 septembre 2022.
Depuis un an, des personnes extrêmement précarisées et consommatrices de drogues sont parquées dans le square de Forceval, aux portes de Paris. Médecins du Monde dénonce cette situation catastrophique, orchestrée par la préfecture de Police avec le soutien du gouvernement. Les personnes consommatrices, les riverains et les acteurs du secteur sanitaire et médico-social sont abandonnés par les pouvoirs publics, incapables de mettre en place une politique cohérente qui permette de sortir de cet embourbement honteux.
Ici, on amène et on parque des gens pour mourir
« La santé des personnes ne cesse de se dégrader et les violences de se multiplier sous le regard des habitants excédés et des forces de l’ordre constamment présentes. Les acteurs du secteur sanitaire et médico-social sont mis en échec et épuisés par le manque de cohérence de nos politiques », s’alarme Marie Debrus, référente technique et plaidoyer sur la réduction des risques liés aux usages de drogues à Médecins du Monde. « Ici, on amène et on parque des gens pour mourir » alerte-elle.
Depuis un an, les communications et décisions prises pour la gestion de ce site sont faites exclusivement par le ministère de l’Intérieur et le préfet de police, laissant de côté l’urgente nécessité d’une prise en charge sanitaire et sociale. « Les pouvoirs publics laissent la santé publique se faire piétiner et enterrer » s’indigne Marie Debrus.
La réduction des risques chez Médecins du Monde
Pour la mise en place d’une réponse sanitaire et médico-sociale
Médecins du Monde appelle le ministère de la Santé et de la Prévention à mettre en place une réponse sanitaire et médico-sociale digne de la France, en s’inspirant des réponses faites par d’autres pays voisins (Suisse, Pays-Bas, Allemagne, Portugal, etc.) qui ont aussi dû faire face à ces problématiques.
Les acteurs du secteur sanitaire et médicosocial attendent une réponse positive à leurs propositions concrètes, travaillées depuis des années avec les personnes précarisées consommatrices de drogues, issues de leurs expériences sur le terrain et transmises pourtant de nombreuses fois aux pouvoirs publics. Un nouveau rapport, comprenant un bilan du dernier plan crack et le rappel de recommandations : « Plan pour la disparition des scènes ouvertes de drogues », a été présenté publiquement le 22 septembre par la Fédération Addiction, le Centre d’étude des mouvements sociaux (INSERM-EHESS), le programme « Sciences sociales, drogues et sociétés » et Politika.
Les scènes ouvertes de consommations et de trafics rassemblant des personnes extrêmement précarisées existent depuis les années 90. Elles n’ont fait qu’être déplacées et évacuées d’un quartier à un autre du Nord-Est parisien aux villes limitrophes de Saint-Denis, Pantin ou Aubervilliers en rassemblant de plus en plus de personnes. La tactique répressive retenue initialement consistait en une dispersion des personnes par le biais d’un harcèlement policier, y compris aux abords de structures spécialisées financées par l’Etat pour accueillir ces personnes. Une dynamique de concentration est désormais privilégiée par les forces de l’ordre tentant de contenir et de cacher une situation inhumaine semblable à celles dont Médecins du Monde est témoin à l’international.
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