Mayotte : le régime d’exclusion
© Martin Straub
À plus d’un titre, et surtout pour le pire, Mayotte fait figure d’exception dans la liste des départements français. Administrativement, l’île pâtit de régimes restrictifs. Notamment dans le champ de la santé. « Il n’y a pas l’aide médicale d’État puisque le code de la sécurité sociale ne s’applique pas ici, regrette Rozenn Calvar, coordinatrice générale du programme de Médecins du Monde dans l’île. Et même les personnes affiliées vont avoir des droits différents de ceux de la métropole. L’accès aux soins gratuit n’existe pas. »
Par conséquent, les personnes souffrant de maladies chroniques, telles que le diabète, doivent payer leurs traitements. Et sont trop souvent contraintes de s’en priver. Car Mayotte est également le département français le plus exposé à la précarité, avec 77 % de la population qui vit sous le seuil de pauvreté. Sur le territoire, quatre habitations sur dix sont faites de tôle. Le réseau d’assainissement est largement insuffisant, l’eau courante rare.
C’est dans ce contexte que Médecins du Monde intervient dans des bidonvilles, auprès de personnes exclues des soins et constamment menacées d’expulsion. « On fait à Mayotte autant de reconduites à la frontière que sur tout le reste du territoire français », explique encore Rozenn Calvar. Résultat, des patients ne viennent pas aux consultations parce qu’ils craignent d’être interpellés et renvoyés aux Comores en s’y rendant.
Face à cette menace, Médecins du Monde privilégie l’« aller-vers ». « C’est-à-dire qu’on fait du porte-à-porte auprès des bénéficiaires, avec des équipes composées de trois membres dont des professionnels de santé. », précise Fleur Meissonnier, superviseuse santé.
Leur objectif : renseigner les personnes exclues des soins sur leurs droits, les sensibiliser, les conseiller, les orienter pour qu’ils puissent passer les portes des structures de santé de Mayotte. Un suivi est également proposé afin de s’assurer que les personnes sont soignées et qu’elles prennent bien leur traitement. Tout un travail d’accompagnement qui permet par ailleurs d’alerter les professionnels de santé sur ce qui se passe réellement dans les bidonvilles et de les aider à mieux appréhender les problèmes rencontrés par leurs habitants.
Mayotte, un désert médical oublié
Un reportage photographique de Martin Straub.
« Pour certaines des personnes accompagnées par Médecins du Monde, selon avis médical, une demande de Droit au séjour des personnes étrangères malades peut être préconisée. »
Cassandre Pasqualini, pédiatre et bénévole pour Médecins du Monde.
Les taux de malnutrition chez les moins de 5 ans sont très élevés, et plus globalement, la malnutrition touche l’ensemble de la population. 47% de la population se déclare comme étant en insécurité alimentaire.
Avec 3,5 fois moins de médecins qu’en métropole, Mayotte est un véritable désert médical.
Dans le cadre de ses maraudes, Médecins du Monde travaille beaucoup avec des bénévoles pairs, des personnes qui sont elles-mêmes dans des situations de précarité sociale et administrative et qui ont une compréhension très fine de la situation des habitants des bidonvilles.
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