“Centre Ukraine” :
200 places supplémentaires, celles laissées vacantes le resteront
© Nicolo Brugnara
Suite à l’audience qui a eu lieu au Conseil d’État le 16 décembre concernant la demande d’ouverture des places laissées vacantes au centre d’accueil des Ukrainiens pour y accueillir des personnes d’autres nationalités survivant dans la rue, Médecins du Monde et Utopia 56 ont vu leur requête rejetée par une décision ce lundi. Le lendemain de l’audience, l’Etat annonçait l’ouverture de 200 places supplémentaires dans ce centre mais bien séparées du dispositif Ukraine.
Des familles à la rue malgré les places vacantes
Dans sa décision du 19 décembre, le Conseil d’Etat a rejeté la requête d’Utopia 56 et de Médecins du Monde demandant l’ouverture du « centre Ukraine » aux autres personnes survivant dans la rue. Car chaque soir, entre 70 et 100 places restent vacantes au GL Center de la Porte de la Villette alors que de nombreuses personnes restent sans solution d’hébergement et sont contraintes de dormir à la rue par des températures glaciales. À l’audience, le ministre de l’Intérieur a défendu avec vigueur la non-ouverture de ces places et assumé le double standard dans l’accueil des exilé-e-s.
Alors même que le Conseil d’Etat admet que des places sont vacantes (122 personnes accueillies en moyenne par soir sur 250 places), que la dégradation des conditions climatiques « contribue à rendre la situation des personnes dépourvues de solution d’hébergement extrêmement difficile et à aggraver les risques et dangers auxquels elles sont exposées et que la concomitance avec des places vacantes dans le dispositif en litige en est rendue encore plus regrettable » que les flux d’arrivées de personnes en provenance d’Ukraine ont diminué, il juge qu’il faut conserver des places disponibles en cas d’arrivées imprévues, même au milieu de la nuit. Pourtant, le GL center n’a jamais atteint sa capacité maximale depuis sa mise en place, il a été reconnu par le ministère de l’intérieur lors de l’audience qu’en moyenne 80 places restaient vacantes chaque soir.
Une décision qui confirme les doubles-standards de l’accueil
Pourtant hier encore, 19 décembre, sur le parvis de l’Hôtel de Ville, ce sont 108 personnes en familles sans aucune solution qui se sont présentées à la permanence tenue par Utopia 56, parmi elles 41 enfants, dont 10 de moins de 3 ans laissés à la rue car les dispositifs d’hébergement d’urgence sont saturés car sous dimensionnés.
L’ouverture de ces places aurait permis la mise à l’abri immédiate de la grande majorité d’entre-elles. Au lieu de ça le ministère de l’Intérieur choisit de faire reposer les failles des dispositifs d’hébergement d’urgence sur des associations non-mandatées.
La guerre en Ukraine a montré la capacité des pays européens à accueillir dignement, pourtant en créant un système d’accueil parallèle à celui déjà existant le gouvernement français met en lumière les carences des dispositifs de droits commun déjà en place. En refusant l’accès aux dispositifs « Ukraine » à toutes les personnes, la décision du Conseil d’État confirme une politique d’accueil différencié entre les personnes ukrainiennes et les autres personnes exilées et à la rue.
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